La Terrasse – Entretien – 26/06/22

Propos recueillis par Agnès Izrine

Claire Laureau et Nicolas Chaigneau se focalisent dans un opus loufoque sur leur passion du mouvement : un théâtre du détail, de la situation, de l’esquisse…

D’où vient ce titre un peu surréaliste ?

Claire Laureau : En fait, c’est la première partie d’un diptyque, intitulé Le Vide dont le deuxième volet intitulé Dernière est actuellement en création. Les Tilleuls, c’est un village près d’Étretat. Nous étions en voiture et Nicolas a affirmé que la plage des Tilleuls était vraiment agréable, les galets étant plus petits… et notre régisseur a dit « non, ils ne sont pas plus petits qu’au Havre ». Ça a généré un débat d’un quart d’heure sans aucun intérêt. Moi, j’étais derrière et ça m’a fait sourire. Après Les Déclinaisons de la Navarre, notre pièce précédente, très écrite, tirée au cordeau, nous avons commencé à répertorier une multitude de personnages, de situations caricaturales, de types de dialogue évoquant chacun à leur manière une certaine forme de bêtise…

« Le spectateur doit pouvoir saisir le propos à travers les corps, leur tonicité, la posture, l’humeur des personnages. »

Pourquoi ce thème de la bêtise, de la futilité ?

C.L. : Au départ, il y avait beaucoup d’autodérision, comme si nous étions assis à une terrasse de café et que nous nous amusions des défauts des autres et de nous-mêmes. Au fil de la création, il est apparu d’autres strates, poétiques, absurdes, avec une dimension dramatique, des situations qui peuvent dégager de la gêne, une solitude aussi…

Nicolas Chaigneau : Nous avons commencé à improviser en duo ces personnages et ces situations de manière très naïve, à l’occasion d’une restitution publique à Cherbourg en 2019. Et nous avons décidé de continuer le projet à quatre. C’est un projet qui nous apprend beaucoup, nous voulons être le plus honnête possible pour faire apparaître toutes les épaisseurs, et non le seul aspect comique. Ce n’est pas un regard critique sur le monde ni une façon de se moquer des gens.

Comment équilibrez-vous texte et geste ?

C.L. : Nous plaçons la danse dans le travail de l’espace, les postures, le timing, les respirations entre nous, mais il n’y a pas de gestes chorégraphiques dans la pièce.

N.C. : Au final, le texte est quasi secondaire. Idéalement, la pièce devrait être comprise par des gens qui ne parlent pas français. Le spectateur doit pouvoir saisir le propos à travers les corps, leur tonicité, la posture, l’humeur des personnages. L’humour ne vient pas du texte mais de la tension entre les différents personnages, du rythme, de la musicalité. Nous avons vraiment construit la pièce de manière musicale, rythmique.