Le Bruit du Off – 7/07/17

TOUTE UNE EPOPEE ! par Emmanuel Serafini

Après « A mon seul désir » de Gaëlle Bourges au Festival d’Avignon en 2015, voilà t’y pas que l’époque médiévale inspire de nouveau un couple d’artistes, Claire Laureau et Nicolas Chaigneau, tout droit sortis de Normandie où ils commettent la plus part de leurs forfaits chorégraphiques…

Néanmoins, en dehors de l’époque, la comparaison avec l’œuvre inspirée de la tapisserie “La Dame à la licorne” s’arrête là, puisque Les déclinaisons de la Navarre n’ont pas cette vocation à montrer des gentes dames et de beaux messieurs en costumes a poulaine… Non, ici l’univers est non seulement très dépouillé mais contemporain, du moins autant que puisse l’être un canapé gonflable.

Et mieux vaut vous le dire tout de suite, Claire Laureau et Nicolas Chaigneau ne respectent rien. Ni le Roi de Navarre, ni la Reine Margot, ni les scènes d’amour, ni même les séries B. Tout leur sert de prétexte à des détournements. On pense à Pierre Repp et ces onomatopées hilarantes, on pense à Grand Magasin, ce duo qui s’empare de scènes en les tournant en dérision, ou en les sur jouant jusqu’à l’épuisement comme dans leur célèbre Paolo Uccello qui les fit connaître… On pense aussi à Hitchcock quant, n’y pouvant plus, les deux artistes finissent dans une scène d’horreur digne de La mort aux trousses.

Belle métaphores sinon que cette main qui était à la galanterie ce que sont les sexes tapes des stars aujourd’hui ou les images hot qu’on s’échangent sur les réseaux sociaux…

Les déclinaisons de la Navarre est un spectacle à l’humour très fin, ou la drôlerie vous saisie encore plus en sortant que dans la salle tant cette scène galante vous obsède…

Les deux comparses ne boudent pas non plus la belle danse et font quelques pas chaloupés qui montrent qu’ils ne se prennent pas au sérieux mais savent de quoi ils parlent… Ils ne sont pas mauvais non plus lorsqu’il s’agit de synchroniser la voix et le geste… on se croirait dans une salle de doublage…

Ne partez pas de cette patinoire sans cet esprit chevaleresque qui ne peut que vous saisir en sortant !