Qui veut le programme – 24/07/17

Les déclinaisons de la Navarre, ou la poésie de la bestialité ! par Anne-Laure Naar

Un roi fait à sa future reine une parade de séduction invisible… rejouée plus de vingt-cinq fois en autant de déclinaisons plus inventives les unes que les autres. La compagnie PJPP s’empare d’une scène d’un téléfilm sur Henry de Navarre et Marguerite de Valois et s’amuse avec vigueur et brio à la métamorphoser, par le jeu et la danse, en de multiples éclats ciselés avec humour et finesse. C’est encore à la Manufacture (Avignon) pour deux jours…

Un couple d’aujourd’hui, installé sur un canapé souple, regarde une télévision imaginaire. On entend seulement les voix, les compliments et rires gênés de cette joute amoureuse suivie des souffles et soupirs rauques des amants qui s’ébattent. Alors, le spectacle que nous contemplons est dans l’attitude de ces spectateurs troublés qui soudain se lèvent et vont rejouer la scène, d’abord comme le feraient deux enfants, puis de multiples manières faites de cadences et de ruptures.

Sur le grand plateau presque nu, seulement meublé par ce canapé bleu, deux projecteurs au sol et des baffles entassées négligemment, le duo décline la comédie du langage amoureux. Un clin d’œil à Tardieu par-ci, au film noir par-là, les dispositifs s’enchaînent avec énergie, réussissant sans cesse à nous surprendre, tant les trouvailles sont riches et les gestes, tout comme le jeu, ultra-précis. La danse se mêle parfois au mime, l’on reconnaît certains animaux, et si le rire éclate régulièrement, il n’empêche pas certaines images de marquer les esprits et d’ y instiller une petite musique interrogative et amère : Henry affirme que jamais il ne forcera une femme à faire ce qu’elle ne veut pas faire… alors ? …la Femme/femelle : séduite ou forcée ?

Pendant une heure, les deux danseurs-comédiens nous offrent une variation brillante et subtile, sur l’émergence du désir, à l’heure où les adolescents ont accès à des images crues et des films X où ils puisent parfois, hélas, leurs seuls enseignements en matière d’éducation amoureuse.

 

L’œil pédagogique de la rédaction

Des productions pratiques interdisciplinaires nombreuses peuvent être inspirées par ce spectacle, à partir de la troisième et au lycée.

Les matières sollicitées pourraient être le français, bien sûr, avec diverses pistes « à la manière de », mais aussi l’EPS ( danse, coordination, chorégraphie de luttes…) et pourquoi pas les SVT ( hormones et phéromones) et la technologie pour tout ce qui est travail de  post-synchronisation du son.